Les insurgés multiplient les attaques, qui touchent désormais l’ensemble du pays, jusqu’aux abords de la capitale, décrit le site installé à Dakar “Tama Média”. La dégradation de la situation sécuritaire, l’un des arguments utilisés par les militaires pour justifier leur prise du pouvoir en 2020, ne semble pas être enrayée.

Les insurgés semblent même avoir décuplé leurs actions, notamment au Mali où ils sont présents depuis plus d’une décennie. Du 30 mai au 5 juin, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM) [également connu sous le nom de “Jamaat Nusrat Al-Islam wal-Muslimin”, JNIM], l’un des groupes les plus actifs au Sahel, a revendiqué plusieurs opérations contre les forces armées maliennes (Fama). Ces attaques, une vingtaine, traduisent ce que des experts considèrent comme une montée en puissance de l’alliance djihadiste formée en 2017 et dirigée par le Touareg malien Iyad Ag Ghali.

La situation est aggravée par la libre circulation des djihadistes entre Mali, Burkina Faso et Niger. Boulikessi est une opération venue de la mantiqa burkinabè du GSIM [la région contrôlée par le groupe au Burkina Faso], sans réaction coordonnée. Les terroristes frappent au Niger, repartent au Burkina puis au Mali, sans être interceptés. Pourtant les trois pays, regroupés au sein de [l’AES], ont annoncé la mise en place d’une force unifiée pour lutter ensemble contre les groupes djihadistes. Mais au regard des attaques sanglantes des derniers jours au Mali et au Burkina, la réaction tarde à venir.

Les djihadistes bloquent depuis septembre l’accès de Bamako aux camions apportant le carburant des ports des pays voisins, provoquant une grave crise dans la capitale malienne. C’est un échec pour la junte et ses alliés russes, qui n’ont pas réussi à stopper la branche sahélienne d’Al Qaeda.
Le Mali vit une situation inédite et dramatique. Bamako, sa capitale, qui compte plus de trois millions d’habitants, est, de fait, encerclée par le principal groupe djihadiste de la région sahélienne. Les djihadistes empêchent depuis le mois de septembre le passage du carburant acheminé par camions dans ce pays enclavé, depuis les ports des pays voisins.

Pour la junte militaire, c’est une crise existentielle. Le régime s’est durci ces derniers mois, supprimant les partis, emprisonnant ses détracteurs et même certains de ses amis, provoquant une détérioration des relations avec ses voisins. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour souder la population ou obtenir une aide extérieure. Cette crise est d’abord l’échec de la junte militaire au pouvoir à Bamako, avec le soutien de la Russie, elle aussi piégée.La poussée djihadiste ne reste pas confinée au Mali : toute la zone sahélienne est concernée, et au-delà, jusqu’aux pays côtiers, comme la Côte d’Ivoire ou le Bénin. C’est donc un enjeu politique et de sécurité pour une partie importante de l’Afrique qui se joue en ce moment dans la région de Bamako.
